
20 juillet 2020 Par webmestrecrbm
L’ingrédient clé de la nouvelle gamme de soins de la peau créée par Boréalie est une algue récoltée au Québec
Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour démarrer son entreprise en pleine pandémie. Encore moins pour lancer de nouveaux cosmétiques, un marché dominé par des géants de la beauté. C’est pourtant ce qu’ont fait Claire Bardin et Mathieu L’Heureux en fondant Boréalie, qui propose une nouvelle gamme de soins pour la peau faits d’algues marines issues du golfe du Saint-Laurent.
« Ce sont des ingrédients actifs qui ont, entre autres, une grande capacité de rétention d’eau. Ils augmentent, par le fait même, les vertus hydratantes et réparatrices de nos soins », explique Claire Bardin.
C’est un séjour en amoureux au phare des Îles-du-Pot-à-l’Eau-de-Vie, en plein milieu du Saint-Laurent, à la hauteur de Rivière-du-Loup, qui a été le déclencheur de l’aventure entrepreneuriale de ce couple de cadres dans le milieu de la santé.
« On y a rencontré un océanographe belge qui nous a parlé du trésor sous-estimé que sont les algues marines », explique Claire Bardin, une Française installée au Québec depuis bientôt cinq ans.
« Avant même de venir m’établir ici, j’entendais parler du majestueux fleuve que je rêvais de découvrir. J’ai constaté qu’il était riche de végétaux aquatiques aux qualités exploitables. C’est ce qui nous a inspirés dans le développement de nos cosmétiques. »
Deux ans d’efforts
Aujourd’hui, la jeune entreprise exploite la laminaire sucrée, cette algue brune commune qui est récoltée exclusivement en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent.
C’est l’ingrédient clé de sa première gamme Beaudrier de Neptune, qui s’adresse aux femmes.
Elle est constituée de trois produits, soit une huile démaquillante, une crème et un sérum aux propriétés antioxydantes.
Sa mise au point a nécessité plus de deux ans de travail qui se sont déroulés en collaboration avec les experts du Centre de recherche sur les biotechnologies marines (CRBM) de Rimouski.
Les tests de formulation en laboratoire ont été menés avec un collaborateur à Boucherville pour garantir un produit stable et de grande qualité.
« Malgré la crise sanitaire, on a pu garder le cap et finaliser le développement de nos soins. On a juste décalé quelque peu la date de lancement », précise Claire Bardin.
L’opération a été bien orchestrée et a coïncidé avec un passage à l’émission Dans l’œil du dragon.
« On n’a pas conclu d’entente, mais on a bénéficié de nombreux conseils. On a aussi établi un contact moins formel avec certains dragons. Pour nous, c’est comme une main tendue pour entrer dans l’écosystème entrepreneurial du Québec. »
Pour financer son projet, le couple a investi ses fonds personnels et a aussi pu bénéficier de financements provenant de PME MTL et de la Banque de développement du Canada (BDC).
Vendre sur le web
Comme stratégie de commercialisation, Boréalie mise principalement sur la vente en ligne.
« Notre objectif, c’est de réaliser 90 % de nos ventes sur le web. Nos produits seront aussi disponibles dans des boutiques indépendantes localisées entre Montréal et Havre-Saint-Pierre. »
Sa clientèle cible ? « Les consommateurs de 25 à 35 ans qui sont capables d’acheter en ligne sans avoir d’abord testé le produit. L’enjeu sera plus sur la fidélisation pour que leur achat impulsif se traduise en achats réguliers », souligne Claire Bardin.
Boréalie souhaite se positionner en tant que leader de la beauté durable.
Il s’agit d’exploiter la richesse marine du Saint-Laurent dans le respect et la préservation de la ressource. Elle favorise aussi la fabrication locale.
Les deux entrepreneurs s’engagent également à redonner à la communauté. Ils verseront une part de leurs profits à la Société Duvetnor, l’organisme qui offre des activités d’écotourisme et de conservation des milieux naturels des îles du Bas-Saint-Laurent.
Claire Bardin a récemment quitté son poste de chef du service qualité des soins au CHUM pour se consacrer à temps plein à son « bébé ». Elle a plongé dans l’aventure sans trop d’hésitation.
« Je me suis dit que si j’avais été capable de quitter mon pays, j’étais capable de changer de vie. »
Elle a pris en charge la planification stratégique, la R.-D. (recherche et développement) et le marketing, alors que Mathieu L’Heureux, en plus de son travail de cadre, voit aux opérations et aux finances.
« Il y a une belle synergie entre nous dont on ne se priverait plus. »
Source : Sylvie Lemieux, Journal de Montréal, 20 juillet 2020